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Lotharius Magister, pour vous en resservir
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4 août 2007

Enfin bref chez Germaine, c'était vraiment Byzance (Rencontre 3)

Mesdames, messieurs,

Ce topic s'adresse surtout aux vieux de la vieille, à ceux qui ont connu et regrettent le temps du forum officiel de Renaud, celui sans modération (comme s'il y en avait vraiment sur le nouveau "Rouge Sang", mais bon ...) mais aussi aux petits jeunes qui comme moi ont eu le plaisir de faire connaissance avec les anciens, les vétérans, la "bande de l'officiel". Il me semblait tout indiqué de déposer ma modeste prose pour ceux qui ont connu une des légendes de la Renaudie virtuelle.

C’est que je m’en vais vous conter un récit relatif à une des grandes figures des forums dédiés à Renaud, j’ai nommé Dame Germaine, dite Mémaine, dite autre chose pour ceux qui aime bien interpeller les gens par leur prénom véritable tel qu’inscrit au registre de l’état civil.

Le hasard de la vie et de mes vacances m’avait porté à plus de 900 km de mon lieu de résidence à bord d’une Citrouille BX 19 TDR break repeinte en vert bouteille pour l’occasion (et au prix où je l’ai achetée, c’est effectivement une bonne occasion, mais une occasion verte, donc).
Il devait être environ 19 heures précises quand, parcourant avec mes géniteurs attitrées les ruelles ensoleillées d’un Bordeaux bouillonnant de chaleur, me vient la soudaine envie de me taper un grec. N’y voyez aucune allusion sexuelle, je parlais bien évidemment de nourriture.
« Dites les vieux chnoques, j’ai la dalle ! » pensais-je alors.
- Chers parents, la faim me tiraille, dis-je en fait.
Je leur parlus d’un charmant petit commerce de restauration semi-rapide truculeusement baptisé « Le Croc’frites » et les informis du caractère spécial de la tenancière de l’établissement. Un peu apeurés au début mes très vite rassurés grâce à mes pleurs et ma menace de retenir ma respiration jusqu’à ce que je meurs si on n’y allait pas maintenant tout de suite je veux nah ! ils finirent par se décider à régler le GPS sur l’adresse que précieusement je gardais depuis quelques jours dans mon portefeuille, entre ma carte de visite professionnelle et mon peigne tout dégueulasse, après avoir poliment décommandé le diner prévu chez nos logeurs octogénaires, qui en ont vus d’autres pendant la seconde guerre mondiale et que cela ne dérangit pas tant que ça finalement.

Je vous fais grâce du passage où l’on se trompe d’adresse, ou, pour être exact, nous avions la bonne rue mais dans la mauvaise commune, car je paraîtrais ridicule, et cela ne se peut !

Rentrons donc dans le vif du sujet et dans l’établissement, surmonté d’une enseigne arborant une patate à moitié pelée dont la pelure en spirale virevolte comme une queue de marsupulami ou comme le mince et long copeau d’un crayon de papier quand, enfants, nous nous amusions à « faire la plus longue pelure de crayon de le monde » (ne mentez pas, nous avons tous fait ça). Sauf que bon, la patate ressemble un peu de trop à un œuf. Il faut l’avouer, mais cela ne retire rien au talent (de cubiste) du graphiste. Nous voilà accueillis par une charmante mais un peu timide petite brune que je ne reconnais pas, puisque non seulement je n’avais jamais rencontré Germaine au paravent, mais que de surcroît, il ne s’agissait même pas de Mémaine. C’est ainsi que ma vanne coula comme un pétrolier dans la Manche : « Bonsoir, nous désirons manger des frites. Nous avons fait 900 km rien que pour vos frites ! » Un ange passa (en fait l’ange était au couscous d’à côté mais il arrivait).
- Eh ben quoi ! C’est moi, Lothaire !
- Ah ! Lothaire ! Oui, d’accord ! Super ! Mais moi c’est pas Germaine ! D’ailleurs je ne sais même pas où elle est passée !
C’était bien ma veine, c’était pas la peine !
Un coup de téléphone et 4 mètres plus tard, voici enfin LA Germaine, ZE Germaine, que dis-je, NOTRE Mémaine, qui fait son apparition, drapée de son élégant et immaculé uniforme de travail blanc.
Nous nous installûmes donc à une table libre (et égale en droits). Quelles sont les spécialités de la maison ? Des spécialités dites-vous ? Un peu de respect, des légendes gastronomiques, oui ! Si la gastronomie est un art, Germaine en est un artiste, un maître et certainement pas un barbouilleur (d’estomac). Au programme : le mythique américain, plus célèbre que l’oncle Sam, une omelette aux œufs et au jambon, une salade au riz, des frites que j’en ai mangé des comme ça que en Belgique, et encore, y a bien longtemps (ndlr : et là je ne déconne pas Mémaine, je te jure que tes frites, je les a-do-reuh !) puis quelques très jolies cannettes de 1664 (incroyablement bien conservées pour des boîtes qui ont près de 400 ans !)
Et tout cela pour une somme qui frise le ridicule à tel point que d’aucuns snobbent – parait-il – ce merveilleux snack rien que parce que ce n’est pas assez cher pour être honnête. Non mais je vous jure, hein !
Voici venu le temps des cafés, des chemises que l’on déboutonne, des ventres qui pointent tandis que le reste s’affaisse dans un soupir de contentement et le creux d’une chaise (tiens, un zeugma) tout en exhalant les volutes de fumée manufacturée par Altadis. Et là, les dames-patronnes, nos hôtes s’installent gaiement et vous taillent le crachoir en vous tenant par la bavette (encore une spécialité de chez elles, la bavette, je vous la conseille).

Cela pourrait se terminer là, mais non, je suis bavard et je n’ai pas fini mon récit. Je te salue, toi, lecteur, qui a tenu jusqu’ici, car je t’ai réservé le meilleur et honte à ceux qui rateront ce qui suit.
Soudain, l’envie me prend d’écouter de l’accordéon. Cela doit être à cause de l’intro musicale de la chanson « Germaine », mais je ne peux pas le jurer (ma religion m’interdit de jurer). Je demandis à notre bienfaitrice s’il y avait moyen de mettre deux thunes dans le bastringue. Elle ne voulat pas. J’insistus, elle refusit. Je menaçai enfin de retenir ma respiration jusqu’à ce que j’en crevasse en la suppliant de nous interpréter une petite ritournelle. Elle céda enfin en échange d’un gros pourboire.
Elle s’en retourna alors en-dedans de sa cuisine, pis en revint avec ce qui fut l’instrument qui illumina la soirée, nos yeux, nos cœurs et aujourd’hui encore mes souvenirs : un putain de beau petit accordéon diatonique que c’est franchement pas de la merde !

La suite, malheureusement, seul des gusses comme Victor Hugo pourraient la décrire. Moi, j’suis une daube à côté, alors je ne commence même pas. Je me contenterai simplement de dire que j’ai eu le privilège d’écouter une sublime interprétation de « La Balade des gens heure.. euh, la Balade Nord-Irlandaise ».
Et pis là, je jubile et j’ai content parce que c’était rien que pour nous trois et j’espère bien que vous en bavez de jalousies, bande de rase-les-murs, car en plus, le moment est à jamais immortalisé en numérique et haute résolution et vous pouvez toujours vous gratter pour voir ça.

Nous aurions pu rester là une partie de la nuit je pense, si, hélas, nous n’avions pas à rallier Jonzac à 60 bornes de là et regagner nos peanuts après une longue journée de tourisme citadin. Nous nous quittîmes donc en nous promettant de se revoir très bientôt parce que merde, c’était franchement trop sympa !

A très bientôt j’espère Germaine et Nadine, et encore merci pour les cafés !

THE END (ah ben quand même – je t’emmerde toi d’abord)

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