J'ai vu "Astérix aux Jeux Olympiques" (jusqu'au bout !)
Bon, je suis allé le voir votre fameux navet.
Avis tiédasse (comme le film) : ni bon, ni exécrable. Quelque part
entre le « on aurait pu s’en passer mais on ne va pas en faire un
traumatisme » et le « ah, ça ne fait pas de mal de rire de rien de
temps en temps (N’EST-CE PAS, GRENOUILLETTE ?). Pis j’ai vu Zidane avec
des cheveux et Schumacher en tunique, hihihi ».
Le principe du
film aurait pu marcher : une suite, facile pour faire des références.
Un personnage bien connu du grand public, fastoche aussi pour les
références. Anachronismes en-veux-tu-en-r’vlà. Et calembours en prime
pour rester près de l’œuvre de Goscinny, maître en la matière.
Tu
prends ça, tu le remets un peu au goût du jour, t’en fais une
superproduction à la française avec des guests stars (des étoiles
invitées), et c’est sensé marcher.
Et pis ça tombe à plat.
Pourtant, il y avait les acteurs (j’aime beaucoup les films avec des
grands acteurs qui ne se prennent pas au sérieux, vous savez, comme
dans « Signé Furax »), les moyens, les références. Mais pas les
scénaristes. Tchernia mettait la main à la pâte pour adapter les
scénarios de Goscinny en dialogues pour dessin animé. Là, il nous lit
la première case avec le « … toute la Gaule. Toute ? Non. … » et pis
c’est tout. Dommage. Les scénaristes sont passés à côté du schmilblick
et ils n’ont pas su exploiter 80 % du potentiel de cette histoire qui
pourtant ne vaut pas le moins bon des Astérix en B.D. C’est peut-être
un effet de style, de ne pas faire le calembour auquel on s’attend, ou
celui fait dans la B.D., histoire de faire languir le public dans le
style :
- Ah et là il va nous sortir un odieux jeu de mot avec coléoptère !
- Ah non.
- Sisi, attends !
- ah non, rien.
- Boh, on a dû le rater, il devait être trop subtil.
Sauf
que ça ne marche pas. Ce n’est pas un effet de style. Ils sont
simplement passés à côté et au lieu de ça, on nous inflige la scène
même pas marrante d’Elie Simoun bouffant, la mine dégoûtée, un
coléoptère mal foutu qui dégouline de viscosité.
Y a vraiment que le casting pour rattraper le désastre scénaristique. Des rôles sur mesure.
Clovis
Machintruc en Astérix, il est 10 x supérieur au funésien et irritant
Clavier. Bon jeu, physique plus « ressemblant » (sauf la moustache tout
de même, quelle horrible postiche).
Depardieu comme on l’aime,
qui même dans un rôle de gros con, arrive à être excellent. Il nous
refait Cyrano, petit clin d’œil à un de ses succès (comme quoi il
devait y avoir un scénariste réveillé dans le tas). Pour faire passer
Obélix pour un poète, il faut quand même un certain talent.
Alain
Delon en César, ça ma petite dame, ça vaut son pesant de cacahuètes et
c’est le clou du film. Rien que pour ça, je ne regrette pas. Je déteste
Delon et ça gueule de vieux beau vrai con. César, ça lui va comme un
gant. La première scène où il apparait est géniale. Superbe tirade.
Pour la petite histoire, César, quand il écrivait les exploits
militaires de César, parlait de lui à la troisième personne (du
singulier, soyons précis).
Delon, dans les imitations, aussi. Vous imaginez la suite. C’est entre
l’autodérision et la caricature, tout en restant fidèle au rôle. Delon est César.
Contemplant
son impérieux reflet : « César ne vieillit pas : il murit. César n’a
pas les cheveux blancs : il s’illumine. » La tirade pourtant,
s’essouffle à la fin, avec une sympathique idée scénaristique (citer
quelques films cultes de Jules César), mais la manière est un peu
plate. « César ne doit rien à personne : ni au clan des siciliens (ça,
ça passe bien), ni à Roco et ses frères (la on voit moins le rapport
avec César). » Comble de l’ironie, le détail de suffisance qui tue : au
générique d’ouverture et de fin, on peut lire dans un bel encadré, en
lettres d’or majuscules : « Avec la participation exceptionnelle
d’Alain Delon dans le rôle de César ». C’est bien là le meilleur gag du
film.
Les seconds rôles sont plus caca. Notons quand même Franck
Dubosc, un compatriote de Grand-Quevilly que j’aimais encore bien à
l’époque où il trainait chez Ruquier, puis qui m’a complètement
horripilé ensuite avec son « cher public ». Carrément gonflant et
totalement inepte. En revanche, le coup du « cher public », ça colle
tellement bien au personnage d’Assurancetourix, qu’une fois de plus, la
distribution surpasse largement le scénario qui n’a pas su exploiter le
filon. Au lieu de cela, on a droit à un doublon avec en second barde
Francix Lalannix. Il aurait fallu choisir entre les deux. Et j’aurais
choisi Dubosc.
Pour le roi grec, j’aurais pris Villeret dans la
continuité de Haroun El Poussah, mais il ne pouvait malheureusement pas
se rendre au tournage pour des circonstances indépendantes de sa
volonté. Le roi Samagas devenant ainsi un personnage insignifiant dans
le film.
Le bellâtre, je l’avais déjà vu il y a quelques semaines au
Festival du Rire de Montréal. Il n’est pas si drôle, mais bon, c’est un
comique. Dans le film, il est juste beau et con à la fois. Encore plus
con qu’Obélix, c’est tout dire, et ça ne signifie rien. Bref, encore un
rôle qui tombe à l’eau, trop mal exploité par les scénaristes.
Il
nous reste Benoit Poelvoorde alias Brutus. Une fois de plus, un acteur
qu’on aime détester, et qui incarne ici un rôle sur mesure de bête et
méchant. J’en suis presque attristé de devoir dire que les trois
acteurs que je n’aime pas sont ceux qui font ce film.
Ensuite,
il reste les « apparitions exceptionnelles ». Jean Tod et Michaël
Schumacher pour la course de chars (enfin un anachronisme génial !) et
tous les autres pour la scène de fin, comme dans les mauvaises
production américaines où il faut bien mettre un nom connu à l’affiche,
et hop hop, un deus ex machina pour montrer 15 stars en 5 minutes, les
dernières. La scène de dialogue entre Jamel et Zidane (Numérobis et son
cousin Numérodis – hihihihi !) est un must. Le reste et à jeter.
Mais
ce qui m’attriste encore plus, c’est que comme je viens de vous le
démontrer, le scénario est le point faible d’un film qui avec un peu
plus d’imagination aurait presque pu être à la hauteur de Mission
Cléopâtre. Alors, un faible scénario qui s’tale sur 1 heure et 55
minutes, je ne vous raconte pas les longueurs. Même certains gags
s’attardent sur eux-mêmes !
Voilà, je vous le recommande donc chaudement : allez-y voir Astérix ! Ne ratez surtout pas « Mission Cléopâtre ».