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Lotharius Magister, pour vous en resservir
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17 octobre 2007

Une histoire de sacerdoce ou de vocation, c'est selon

Quand j'étais tout petit, mes parents - brocanteurs à l'époque - avaient eu un lot de livres de la Bibliothèque Rose, de la Verte aussi. A 4 ans j'avais une énorme bibliothèque murale dans mon petit cagibi de chambre, avec plus de 300 jolis bouquins dessus.
Ma maman me les lisait, un par un, pour m'endormir le soir. Mes préférés étaient d'Enid Blyton, mais ce n'était pas le club des 5, j'étais encore un peu trop jeune. Non, j'étais fan de Oui-Oui.

C'est vers 7 ou 8 ans que j'ai appris à lire le français tout seul en lisant Oui-Oui. (Donc en traduction, pissque Blyton est anglaise). Cela me fascinait. La première langue que j'ai su lire était le néerlandais. Le français se lisait tout autrement, avec ces drôles de combinaisons de lettres, des "eau" qui font le "oo" flamand et pas "é-ow" comme cela semble logique en flamand. Pis y avait des machins bizarres : des "on", des "in" et des "an" que je prononçais "onne", "inne" et "anne" comme on m'avait appris à l'école chez Madame Albert (prononcez "Albeurte") en première primaire. De plus, on écrivait plein de lettres qu'on ne prononçait pas, comme pour tromper l'ennemi. Ca faisait code secret, langage mystérieux, rébus, par rapport au néerlandais.

En même temps que le monde merveilleux du Pays des Jouet, que les habitants de sa capitale, Mini-Ville, que le nain grognon Potiron et la vieille bique de Mlle Guenon, je découvrais aussi un autre pays merveilleux qui continue, 20 ans après, à m'émerveiller et que je ne finirai sans doute jamais d'explorer : le pays des langues, de la langue française surtout, de sa grammaire viellotte qui m'exaspère toujours, de son orthographe imbittable que je ne maîtrise toujours pas, de ses codes phonétiques intranscriptibles, mais d'une beauté toute particulière. Ca me faisait marrer de déchiffrer (délettrer ?) tout ce bazar. J'ai par exemple mis des années (dans mes souvenirs de gosse) avant de comprendre que Mlle voulait dire "Mademoiselle", tandis que je pensais, naïvement, que c'était "mille mais sans le i qu'ils ont oublié." Ca devait être un prénom exotique mais que toutes les madames portaient, comme par hasard.

Bref, c'est de cette manière quand 8 ans déjà, je savais que je voulais devenir traducteur et que mes parents m'ont offert mes premiers cours particuliers d'anglais. Je le suis devenu, cela ne m'a pris qu'une quinzaine d'années.

Puis, quand j'ai su maîtriser la lecture du français, un peu plus tard que vous, sûrement, j'avais déjà bien l'âge de lire la Bibliothèque Verte qui végétait depuis mes 3 ans sur ce pan de mur de ma piaule. Il y avait le Club des 5, et encore d'autres séries d'Enid. Je n'en ai lue aucune. Je suis passé directement aux pièces de théâtre, si amusantes à lire (surtout tout haut, en "jouant" les rôles.) Mon premier "vrai livre" était "Les mains sales" de J.-P. Sartre, j'avais à peine 12 ans. Je parle de lire, n'est-ce pas. Le comprendre, c'est venu un peu plus tard. Wink

Je suis revenu à Blyton un peu plus tard. Ma professeur d'anglais déménageait et ne pouvait plus me donner de cours particuliers. Avant de partir, elle m'offrit un magnifique livre de contes, en anglais évidemment. Vous l'avez deviné, des contes d'Enid Blyton. Ce fut mes première traductions : je les lisais en anglais et je les recopiais en néerlandais (avec des phrases en français au milieu quand le vocabulaire me manquait). Je n'ai plus ces feuilles de brouillon, mais j'imagine bien le désastre, si je devais les relire aujourd'hui Very Happy

Merci madame Blyton, je vous dois probablement ma vocation.

(écrit le 4 juillet 2007)

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