Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Lotharius Magister, pour vous en resservir
Archives
Derniers commentaires
22 décembre 2008

Expressions honnies (Episode 2)

Tout à fait en signe d'acquiescement, qui fut probablement popularisé par le fameux « Tout à fait, Thierry ! » de Jean-Michel Larqué à la fin des années 90. Les gens commencent enfin, peu à peu, à comprendre que cette forme est tout à fait incongrue [ndlr : et là je l'utilise à bon escient].

Entendu maintes fois à la télé ou à la radio :
« Notre prochain candidat est une candidate [ndlr : celle-là aussi elle est gonflante], nous accueillons Germaine. Alors tout d'abord Germaine bonjour.
-- Bonsoir. [ndlr : car Le Juste Prix passe le midi mais comme c'est enregistré le soir, y en a toujours pour faire la gaffe]
-- Germaine, vous êtes restauratrice dans une petite ville du Gers.
-- Tutafé.
-- Vous êtes marié et vous avez trois enfants.
-- Tutafé.
-- Alors Germaine, je sens que vous êtes venue pour gagner.
-- Tutafé. Le million ! Le million !
-- Héhé ! Germaine est une petite impatiente. Je ne vais pas vous laisser mariner dans votre jus plus longtemps
[ndlr : petit clin d'œil de l'animateur, c’est le comble pour une restauratrice !]. Je vous laisse donc tourner la roue. Un petit mot pour les gens qui nous regardent ?
-- Tutafé.
-- Oui, ça fait tout juste un mot, très bien ! Peut-être un petit message personnel ?
-- Tutafé. Alors je voudrais faire un petit coucou [ndlr : une autre qui me saoule] à toute ma famille.
-- Votre mari et vos trois enfants qui n'ont pas pu venir aujourd'hui pour vous accompagner ?
-- Tutafé.
-- Ah mais Germaine attention ! La roue ralentit, elle s'arrête. Eeeeeeeeet ... Ah, dommage, c'est la case banqueroute et vous passez votre tour. Eh bien, l'important est de participer. Pas trop déçue ?
-- Tutafé.
-- Merci et à la semaine prochaine pour un nouveau question pour uuuuuuuuuuuuuuuuuuun champioooon ! »



La prochaine expression agaçante est issue, une fois n'est pas coutume, du milieu des commentateurs sportifs. Ceux-là mêmes que se sont rendus coupables de la prolifération de « tutafé » et de « montée en puissance ». Il s'agit de la phrase : « Telle équipe a perdu par manque de réalisme. » J'en veux pour preuve que cette expression ridicule est liée au milieu du sport : voyez vous-mêmes les titres de ces pages référencées par Google. Que du sport ou presque !

Je ne suis toujours pas certain d'où nos amis amateurs de sports qui se disent journalistes par le seul fait de passer à la télé nous sortent cette expression, ni quelle signification ils lui prêtent exactement. J'en ai une vague idée. Ca vaut ce que ça vaut, car je ne suis pas certain d'avoir bien compris ce que le réalisme de Platon ou de Thomas d'Aquin a à voir là-dedans. A moins qu'il ne s'agisse d'un hommage au courant artistique du XIXe siècle et que les têtes pensantes (pfihihi !) du monde sportif français (haha !) soient des aficionados de Hugo, Flaubert et Balzac. Allez donc savoir si "manquer de réalisme", pour des joueurs de rugby ou de foot, ne signifie pas plutôt qu'ils ne se sentent pas en mesure de recréer les mouvements stylistiques des pinceaux de Millet ou de Courbet en réalisant leurs dribbles par entrechats, leurs plaquages sur pointes ou leurs tacles en grand écart. Ca serait prêter de bien gracieuses prétentions à ces pratiques physiques.

Admettons plutôt qu'une équipe de football relativement médiocre, par exemple, arrive sur le terrain et croit être capable de battre le tenant du titre en lui collant 5 prunes dans les filets. Cette petite équipe manque singulièrement de réalisme et ferait mieux de croire qu'elle va se ramasser 5 prunes dans les filets.
Inversement, une excellente équipe qui foule la pelouse d'une amicale de province manque autant de réalisme que d'humilité en étant sûre de leur coller 5 prunes dans les filets au lieu de rester méfiant face aux petites équipes dont l'on ne connaît pas le jeu.
Deux équipes moyennes qui se rencontrent feraient chacune preuve d'un criant manque de réalisme en pensant coller 5 prunes dans les filets adverses.

En somme, quand on entre sur la pelouse avec l'envie de remporter le match, on manque tellement de réalisme que c'est bien fait si on perd. D'ailleurs, il n'y a que les perdants qui manquent de réalisme, c'est bien connu. Jamais l'on blâmera un vainqueur de son excès de confiance qui entraîne une relative perte du sens de la réalité (car je crois comprendre que c'est cela qu'on veut dénoncer, hors considérations artistiques). Au mieux, on félicitera le vainqueur pour son audace et pour avoir "tout donné" (encore une abomination verbale, tiens) !

Bref, les commentateurs sportifs manquent particulièrement de réalisme en croyant que la plupart des équipes feraient mieux de jouer pour perdre ou lieu d'avoir confiance en leur jeu.



Quand le succès est au rendez-vous, l'album de la maturité est salué par la critique ! Vous ne voyez la signification exacte de ce que ces clichés de haut vol ? Ca me rassure, car moi non plus !

L'album de la maturité, pour un interprète musical, c'est, parait-il, un album plus mûr que les précédents. Un truc sans prétention que l'auteur recadre dans les limites de la crédibilité (ou parfois de la débilité, hélas) des textes. Un truc sérieux, moins fantaisiste. Bref, l'album de la maturité sous-entend un ton grave. C'est du lourd. Au mieux, les critiques pas trop vaches ou qui doivent être gentils mais ne savent pas quoi dire de positif, se servent de cet euphémisme parce qu'il est aussi chiant d'en parler que de l'écouter. Au pire, c'est toujours une phrase que l'on utilise quand on ne sait pas quoi dire sur la galette, mais sans arrière-pensée.
L'album de la maturité, ça me fait hurler de rire (il y a longtemps que cela ne me fâche plus) quand il désigne le second album d'un gagnant de télé-crochet qui vient de fêter ses 22 ans et qui fait dans la variété la plus plate et dansante qui soit. L'album de la maturité me fait pouffer quand il s'agit du huitième album d'une chanteuse à voix gueularde qui réchauffe depuis 15 ans le même refrain de son premier tube de l'époque où elle était encore mineure d'âge.
Par manière de dérision, cette expression a déjà été utilisée pour des albums de débutants, pour des compilations et même pour le quarante-sixième album d'un artiste qui entre dans son demi-siècle de carrière musicale. Et c'est tant mieux ! Il faut continuer ! Tournons en dérisions, ridiculisons, conspuons ce cliché immonde qui ne se réfère, comme la plupart des expressions que je déteste, à tout et à rien.

Pour enfoncer le clou, cet album de la maturité, en plus d'être chiant à écouter, fut osuvent laborieux à faire car il est souvent "un nouvel album tant attendu" (on se demande parfois par qui). Tant attendu qu'il devrait en toute logique arriver en retard. Or, et c'est impressionnant, en général, "le succès est au rendez-vous". Ah bon ? Attendez que je vérifie mon agenda. J'avais rendez-vous avec le succès il y a deux mois, mais il m'avait posé un lapin. Je comprends mieux pourquoi, puisqu'il avait rendez-vous avec l'album de la maturité. Non mais on nous prends vraiment pour des cons, quand on y pense ! Si cela peut se dire qu'on "rencontre un certain succès", c'est purement fortuit et certainement pas SUR RENDEZ-VOUS, bordel de Dieu ! Rendez-vous, mon cul ! Conférence de presse, oui ! Tout est truqué ! Non seulement l'album de la maturité rencontre le succès lors d'un rendez-vous, mais en plus, ce n'est pas un tête-à-tête. La critique était invitée aussi ! Et qu'est-ce qu'elle fait quand elle voit l'album de la maturité se pointer au bistrot où le succès l'attends depuis deux ans devant une tasse de café froid ? Elle le salue !

Même pas qu'elle l'engueule, non ! La critique est là, et au lieu de critiquer, en bien ou en mal, elle salue ! Elle dit : "Bonjour ! Ca biche, le mature ?"
-- Ma foi, ça cartonne !" (car n'oublions pas que les albums, bien que manufacturés en polycarbonate, cartonnent. Tandis que les disques vinyles gondolaient).
-- Bon, tu m'en voudras pas, hein vieille branche, mais j'suis à la bourre là, j'ai pécho le succès, j'vais me l'faire avant que ça retombe.
-- On s'bigophone et on va en boîte ce soir ?
-- Ah ouais, ça tombe bien ! Sortir en boîte, ça va me changer de sortir dans les bacs !"

On croit rêver ! Si c'était encore à confirmer, je dirais que la critique est conne.

Publicité
Commentaires
M
Et en guise de... Je ne peux pas la supporter cette expression. Je crois bien que tu l'as citée pourtant... Je vais vérifier... <br /> Tout à fait, j'avais raison. C'est donc une preuve que je ne manque pas de réalisme et que c'est le commentaire de la maturité!<br /> <br /> Biz
Publicité
Lotharius Magister, pour vous en resservir
Lotharius Magister, pour vous en resservir
Publicité